Conçu par l’architecte André Allègre, et construit en aluminium aux Chantiers et Ateliers de la Perrière à Lorient, Pen Duick IV, est lancé en 1968 par Éric Tabarly. Long de 20,80 mètres pour 10,70 mètres de large et 107 mètres carrés de surface de voilure, il connaît des débuts difficiles : lors de sa première course, la Transat anglaise, le skipper doit abandonner à cause de nombreuses avaries. Les deux mâts profilés tournants sont alors remplacés par deux tubes haubanés. Dès la fin de l’année 1968, le trimaran réalise un record entre les Canaries et les Antilles. En 1969, il participe, hors course, à la Los Angeles-Honolulu et termine deux jours avant les premiers monocoques.
Passé aux mains d’Alain Colas, Pen Duick IV, rebaptisé Manureva, continue à construire sa légende : il remporte la Transat anglaise en 1972 et boucle le premier tour du monde en multicoque par les trois caps… avant de disparaître en 1978 avec son skipper au large du Portugal dans la première Route du Rhum…
Arnaud Pennarun, le patron du chantier naval de Pors-Moro, à Pont-l’Abbé, souhaite aujourd’hui le reconstruire. Il connaît bien les Pen Duick : il a collaboré à la restauration du premier du nom et a couru la Route du Rhum 2022 avec Pen Duick III pour l’association Robert-Debré. Il participe aussi au projet de classement en monument historique de l’ensemble des bateaux de Tabarly.
« Il manque le maillon de 1968, le trimaran le plus grand, le plus innovant et le plus rapide de sa génération », explique Arnaud Pennarun. Pour sa construction, il s’est tourné vers des experts afin d’être le plus fidèle possible au voilier d’origine, tout en prenant en compte les modifications apportées par Éric Tabarly et Alain Colas. L’objectif est d’aligner le trimaran au départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2026 et de The Transat CIC 2028. M. L.-C.
Publié dans Le Chasse-Marée 339 – Juin-Juillet