Depuis le traumatisme de la tempête Xynthia, la France a mis progressivement en place des Plans de prévention des risques littoraux (PPRL). Dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, le bourg de Miquelon, situé sur Grande Miquelon (au nord de l’île Saint-Pierre) à environ 2 mètres au-dessus du niveau de la mer, va ainsi être déplacé progressivement pour éviter de disparaître. En cas de tempête cumulée à un fort coefficient de marée, il pourrait en effet être submergé dans un avenir proche.
Face aux manifestations des habitants qui protestent contre le PPRL, les pouvoirs locaux ont fait appel en 2020 au gouvernement français pour être assisté dans la démarche d’adaptation. Un groupe d’experts, composé d’un paysagiste, d’un architecte-urbaniste et d’une géographe, est chargé de réaliser des ateliers avec la population du village, qui compte six cents âmes, pour réfléchir au projet d’aménagement.
« Au début, les habitants souhaitaient adapter leurs maisons en y ajoutant des pilotis, précise Anne-Solange Muis, géographe en charge des concertations, mais au fur et à mesure des discussions, ils en sont venus à accepter l’idée de se déplacer. » Le village ira ainsi s’installer un peu plus au sud, toujours sur l’île de Grande Miquelon, assez loin du littoral, dont le point le plus bas se situe à 10 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Une charte d’aménagement pour le projet a été rédigée, puis signée en janvier 2023 par les élus locaux ; elle vise à accompagner ce déplacement volontaire et à construire un nouveau village résilient.
Après un appel à projets remporté par l’équipe d’Anne-Solange Muis et de l’architecte Laurent Pinon, du cabinet Métamorphoses urbaines, le projet est désormais lancé. « Nous en sommes à la phase d’étude des impacts environnementaux. Dans le même temps, nous travaillons avec les habitants pour les aider à se projeter dans leur futur lieu de vie. » Plusieurs méthodes sont utilisées, notamment avec les jeunes. « On leur propose de se projeter à vingt-cinq ou trente ans et d’imaginer où ils aimeraient vivre, avec quelle vue, dans quelle maison… » Un petit parcours de 3 kilomètres sur le site a aussi été créé pour que les habitants de Miquelon puissent commencer à s’approprier l’espace.
Les premiers permis de construire devraient être déposés d’ici à la fin de l’année, ou au début de l’année prochaine, par les quinze premières familles volontaires. Les constructions devront respecter des normes environnementales en matière de performance énergétique. Leur disposition dans l’espace sera aussi étudiée pour limiter au maximum les effets des tempêtes, auxquelles le nouveau village restera malgré tout encore exposé. M. L.-C.