On ne considère pas forcément la construction de bateaux comme un sport à grand spectacle, capable de tenir les foules en haleine. Pourtant, aux États-Unis, des équipes se préparent à la saison estivale de cette discipline qui mériterait peut-être la considération du comité olympique.
Les participants du National Wooden Boat Challenge viennent d’horizons divers. Ils concourent la plupart du temps par deux, qu’ils soient constructeurs amateurs ou professionnels ou, le plus souvent, pas constructeurs du tout. Certains viennent en couple, en famille, en collègues, quelques-uns tout seuls, pour la gloire, pour s’amuser ou juste pour pouvoir se dire, un jour : « Je l’ai fait »…
À l’heure dite, ils prennent place entre la paire de tréteaux et l’établi qui leur sont attribués, sous les acclamations de leurs supporters, brandissant haut, en signe de ralliement, leur scie circulaire et leur visseuse, ou pour les puristes, leur égoïne et leur vilebrequin.
Pour commencer, ils disposent du plan d’un Carolina Bateau, canot à fond plat de 3,66 mètres, du contreplaqué, du bois et de la quincaillerie pour le réaliser, avec une paire de cartouches de mastic polyuréthane, dont nombre d’équipes usent sans retenue…
Tous ne parviennent pas au terme de cette épreuve, car le temps est compté : quatre heures en tout et pour tout. Certains bateaux soumis à l’examen des juges sont fin prêts, d’autres… presque ; d’aucuns présentent des renflements ou des lacunes inquiétants. L’an dernier un prix spécial « tableau monté à l’envers » a été attribué, tandis qu’un ébéniste rétif à l’outillage électrique avait, lui, fignolé son parfait petit Bateau en moins de deux heures… Puis c’est l’heure de vérité : les concurrents sont en effet classés d’après le temps et la qualité de leur travail, mais aussi sur la régate d’aviron qui conclut le défi. On repart avec son œuvre sur le toit de sa voiture.
Ce sera au printemps prochain la trentième édition du National Wooden Boat Challenge à Beaufort, en Caroline du Nord, où il anime le festival du musée maritime local et permet de financer des bourses d’études de charpenterie ainsi que d’offrir un programme maritime aux lycéens du coin. Le même genre d’épreuves a lieu au musée de Georgetown, en Caroline du Sud, ou à Belfast, dans le Maine, où il est parrainé par le très prestigieux et select New York Yacht Club ! Comme les bateaux en carton ou autres concours de même acabit, mais avec des embarcations aux allures de « vrais canots » à la clef, il prouve que la construction nautique peut être un loisir – et un spectacle – pour tous. Ce qui vaut aussi de ce côté de l’Atlantique. •