L’Alerion conçu par l’architecte naval américain Nathanael Herreshoff en 1912 a décidément la cote en France puisqu’une troisième unité est actuellement en construction au chantier Darak, à Combrit (Finistère). On se souvient en effet qu’en 2010 Hubert Stagnol avait lancé Alerion pour Eric Ogden, François Blatrix ayant livré pour sa part Alienor en 2016. « La commande m’a été passée par Christian Schmit, raconte Sébastien Gaonac’h, patron du chantier Darak qui fait travailler aujourd’hui trois personnes.
Un jour qu’il était à bord de son Tofinou au large de Bénodet, il s’est fait dépasser par Alerion. C’est ainsi qu’il est venu me voir pour que je lui construise le même, ce en quoi je ne pouvais que l’encourager car il s’agit d’un excellent bateau, qui plus est particulièrement simple à mener. »
On sait que Nathanael Herreshoff travaillait à partir de demi-coques. L’architecte naval Marcel Stagnol a donc été chargé de préparer les plans pour Sébastien et le bateau a été mis sur cale en juin dernier, la construction se déroulant quille en l’air. Une fois le bâti mis à niveau et doté des gabarits, on a installé la structure axiale et transversale en lamellé-collé d’acajou, ainsi que la serre-bauquière. « Car c’est beaucoup plus facile de la poser à ce stade, explique Sébastien qui s’est souvenu de la construction du premier Alerion français… Là, on n’est pas gêné par le bordé et ça permet également d’ajuster précisément chaque membrure. » La coque en pin d’Oregon sera constituée d’un pli en petites lattes puis de deux plis de bois moulé. Le pont sera entoilé pour être au plus proche de l’original. « On ne peut pas latter un bateau de ce type, poursuit Sébastien. L’entoilage va de pair avec son histoire, son usage. » Comme pour ses frères en construction, l’accastillage proviendra de chez Jim Reineck qui, aux États-Unis, fabrique toujours les pièces conçues par Herreshoff. En revanche, ce nouvel Alerion – doté d’un pod (propulseur) électrique Torqeedo – sera livré sans emménagements. La mise à l’eau est prévue pour le mois de mai à Bénodet où le bateau sera basé.
« Entre-temps, conclut Sébastien, nous aurons déménagé… certes de seulement 200 mètres. » Cet automne en effet, le chantier va intégrer ses nouveaux locaux, environ 600 m2 – sur un terrain de 2 500 m2 – que vont se partager Darak et le chantier d’Hubert Stagnol. Un partage d’espace mais également de connaissances et de compétences, l’idée des deux charpentiers étant de pouvoir s’entraider et collaborer.
Cet hiver, ils auront notamment en entretien de belles unités comme le plan Illingworth, Primrose et Craff Timia, le 8 m JI Bluered, ou encore le Stephens Volonté.