Depuis un an et demi, des étudiants de l’université et de l’école technique de Trèves travaillent à la reconstitution d’un navire de marchandises romain, basée sur une épave découverte dans l’anse des Laurons, à Martigues. Baptisée Laurons 2, celle-ci mesure 16 mètres de long pour 5 mètres de large (CM 293). Le professeur d’histoire antique Christoph Schäfer dirige ce projet voué à évaluer les capacités de navigation des voiliers de commerce romains, ainsi que les coûts de cette activité.
« C’est gratifiant de mettre en application ce qu’on a appris dans les cours magistraux sur les bateaux antiques », souligne Lisa Dünchem, l’une des étudiantes qui construisent le bateau, sous la direction d’une petite équipe de charpentiers menée par Matthias Helterhoff. Les élèves de l’école technique, eux, ont créé un modèle en trois dimensions de Laurons 2 pour accompagner le chantier.
Comme Laurons 2, le navire est construit à franc-bord, suivant la technique du bordé premier. L’objectif principal n’étant pas archéologique, mais d’étudier le comportement du navire en navigation, le chantier ne prétend pas s’en tenir aux techniques, aux matériaux ou aux outils de l’Antiquité.
À la reprise des travaux après la pause hivernale, les étudiants s’attelleront à la pose du deuxième gouvernail. « Ces deux gouvernails constituent un défi en soi, sourit Christoph Schäfer. On va devoir trouver comment naviguer en relevant le safran au vent, mais je pense qu’après quelques erreurs, on va vite comprendre comment ça fonctionne. » Le gréement a été conçu à partir de sources iconographiques antiques. Après le calfatage et quelques finitions, Laurons 2 pourra être mis à l’eau en juin.
Les premiers essais se feront sur la Moselle, avec un équipage de trois à cinq personnes. À bord du voilier, Christoph Schäfer, fort de l’expérience des navigations effectuées à bord des trois reconstitutions de navires de guerre qu’il a menées précédemment, mais aussi des étudiants, qui devront se former à la navigation, après avoir découvert le travail de charpentier. Le voilier sera chargé, pour l’expérience, de pièces de béton. D’après les sources anciennes, la capacité de charge maximale devrait être de près de 30 tonnes. La navigation sur la Moselle pourra apporter de premières réponses, mais « le rêve, évidemment, précise le professeur, c’est d’aller voir comment le voilier réagit dans les conditions plus dures de la Méditerranée. » • Maud Lenée-Corrèze