Saint-Clet est un joli coin de verdure peu connu pour sa façade maritime. À côté du stade de sports, un hangar exhibe en grandes lettres colorées, en bois et de guingois, le nom de Cap an Trev, «Cap sur le Trieux », la ria dont le cours longe cette commune et qui se jette dans l’eau salée à une vingtaine de kilomètres en aval, du côté de Loguivy-de-la-Mer. Mais c’est une autre chanson… Dans ce coin intime des Côtes-d’Armor, cette association restaure des bateaux en bois, à l’abri des embruns donc, mais avec enthousiasme.
On ne compte pas beaucoup de marins au milieu de ces terres, mais Alex Le Dantec, l’un des fondateurs de Cap an Trev, navigue depuis qu’il est tout petit, et fait office de trait de Jupiter entre la trentaine de membres de l’association, car il est aussi charpentier.
En 2006, il achète le Cornic-Duchêne, construit en 1952 chez Sibiril à Carantec, qui navigue à Locquémeau. Deux ans après, une tempête le couche sur les cailloux. Alex crée alors Cap an Trev pour le réparer. En 2013, le Cornic-Duchêne est remis à l’eau. Il navigue depuis à partir de son mouillage, sous le pont de Lézardrieux. Il se rend aux rassemblements de Paimpol, dispute les régates de La Roche-Jaune sur le Jaudy, et a même pris le large en 2016 pour rallier Brest.
Depuis, Cap an Trev s’est fait connaître en organisant des animations dans le village pour recueillir des sous, aussitôt investis dans la restauration du bateau. Et à force de se faire remarquer, elle a reçu en don d’autres unités qui ont aussi besoin de soins. Le hangar de l’association héberge ainsi un canot paimpolais de 5 mètres, d’âge indéterminé, en cours de rafraîchissement : serres, préceintes, divers bordages et tableau sont à refaire. Il n’a ni gréement, ni moteur, mais Alex compte lui tailler mât et espars dans les pièces tirées de greniers qu’on leur a aussi données. Après ces travaux – à raison d’une journée de travail un samedi sur deux, cela va prendre un peu de temps –, les amis de Cap an Trev pourront s’occuper du pont d’Ar Vin, un canot de 6,50 mètres et de 1951. Enfin, Beg ar Vilin, un cotre de 6,50 mètres, passera ensuite entre leurs mains. Construit dans les années 1960 par le chantier Hervé de Ploumanac’h, il leur a été confié par son propriétaire, aujourd’hui décédé, qui a navigué avec jusqu’à quatre-vingts ans… Cela fait beaucoup de travail, d’autant qu’il faut préparer Sardines en zic, leur grande fête qui a lieu le 13 août.
D’ici-là, on saura le nom que les élèves du CP auront choisi pour le joli canot paimpolais en cours de restauration… car autour de ces charpentiers navals ruraux, c’est tout un village qui s’intéresse à la mer.