©Maud Lénée-Corrèze

Au lycée Pierre-Guéguin de Concarneau, on ne chôme pas. Après le Mesker, plan Vivier, et un prototype de pirogue à deux balanciers en contreplaqué et en Kairlin (panneau composite en fibre de lin), avec des sandwiches de liège et de la résine de basalte – matériau développé par Kaïros –, les élèves de cap travaillent sur un ancien macrotier, Austerlitz. « Actuellement, ils font le relevé des formes à la main, précise Pascal Barbotte, enseignant de la section charpenterie de marine. Les élèves de bp ont réalisé l’an dernier une photogrammétrie puis un plan de formes, que nous comparerons au relevé des cap. »

Le macrotier, construit en 1931 au chantier Maillard de Saint-Servan pour la pêche côtière, a travaillé avec la famille Bénézit pendant trente-six ans. Transformé ensuite pour la plaisance, il change plusieurs fois de mains. En 1999, Bernard Gaudin le reprend, fait des travaux pour l’amener aux fêtes de Brest et Douarnenez, avant d’en faire don en 2007 à l’association La Belle-Angèle. « Nous avons mené un chantier pendant dix ans, puis navigué avec jusqu’en 2022, raconte Michel Mazadier, le secrétaire. Quand il a fallu à nouveau le restaurer, nous avons choisi le lycée pour favoriser la transmission. »

Les travaux sont prévus sur trois ou quatre ans. Ils permettent d’avoir « pour la première fois un support pédagogique pour la restauration classique, se félicite Pascal Barbotte. Nous allons tout changer, y compris la quille en orme. » Selon l’enseignant, Austerlitz aurait été beaucoup modifié, avec « le franc-bord sans doute un peu rehaussé, l’ajout d’un rouf et d’un pontage complet. Nous avons aussi constaté qu’il était frégaté à l’avant, une caractéristique que je n’avais jamais vue avant sur les canots bretons. »

Les élèves vont d’abord construire un ber, puis ils démonteront la charpente axiale et le bordé. Ces pièces seront refaites en lamellé-collé, « en respectant les assemblages d’origine et en montant une virure sur deux, de façon à pouvoir poser progressivement des sections en contreplaqué à la place des anciennes membrures ployées, pour garder les formes », explique Pascal Barbotte. Les couples seront ensuite refaits à l’identique. Le macrotier sera demi-ponté, comme à son neuvage, et le gréement, restauré. M. L.-C.

Publié dans Le Chasse-Marée 342 – Octobre-Novembre