En Antarctique, continent isolé mais de moins en moins inaccessible, quelque 99 pour cent des espèces invasives arrivent avec les hommes, dans les pas des cinquante mille touristes annuels et des chercheurs venus effleurer sa beauté ou étudier ses secrets. Deux mouches et une herbe, Poa annua, se sont déjà acclimatées dans ces régions pourtant peu accueillantes. Mais de moins en moins inhospitalières, puisque le changement climatique libère les terres de leur gangue de glace, permettant aux nouvelles venues de mieux s’adapter. Les chercheurs estiment que d’ici un siècle la superficie des sols ainsi dégagés devrait augmenter de 300 pour cent. Avec l’eau douce de la fonte, ces vies exogènes arrivant dans un milieu moins hostile pourraient proliférer et bouleverser un écosystème unique et fragile.
Des chercheurs ont par ailleurs indiqué que mille cinq cents ports sont aujourd’hui reliés avec l’océan Austral : les espèces invasives pourraient donc venir du monde entier sur la coque des navires – les algues et les moules sont capables de s’adapter à des eaux très froides. Les espèces endogènes, elles, isolées depuis des millions d’années, ne semblent pas armées pour supporter ces intrusions. Les conséquences du réchauffement global – fonte des glaces aux pôles et création de nouvelles routes maritimes – accentuent encore ces risques. N. C.