Mis à l’eau en 2013, Alcyon, le houari marseillais (CM 261), se prépare pour sa sixième saison de régates classiques sur le circuit méditerranéen. Réplique d’un voilier conçu en 1871, surnommé « le bateau qui exagère », Alcyon a procuré quelques sensations fortes aux équipiers – six au minimum – qui ont parfois été à la peine pour maîtriser les 150 mètres carrés de la voilure de ce coursier de 9,15 mètres de coque, dépourvu de winch. On a vite compris pourquoi les équipages qui armaient en régate l’Alcyon original étaient formés de solides marins issus des long-courriers à voile.
Aidés par Daniel Scotto, son charpentier constructeur, et Beppe Zaoli, le voilier et régatier italien expert ès classiques (CM 244), Édith et Marc Frilet ont fait évoluer en permanence les manœuvres et le plan de voilure de leur bateau. Dès la deuxième saison, yankee et foc ont remplacé le génois de 50 mètres carrés ; cela a permis de mieux remonter au vent, de régler et réduire la toile plus facilement.
La grand-voile houari de 100 mètres carrés, établie sur deux espars incroyables, a posé des problèmes, notamment à l’occasion des convoyages au moteur. La hisser avec un équipage réduit à deux personnes est impossible et il est nécessaire de souquer fermement la grand-voile ferlée et ses espars sur un support ad hoc. Le poids de l’ensemble est tel que le moindre ballant provoqué par un clapot de travers peut casser le mât. C’est arrivé en 2016.
Les propriétaires ont décidé, à l’instar de leurs prédécesseurs, d’équiper Alcyon d’un gréement dit « de convoyage » ou « de brise » avec une grand-voile à corne de 70 mètres carrés, un bout-dehors plus court qui permet de gréer un génois de 50 mètres carrés ou un foc deux fois plus petit. Entorse à l’histoire, un flèche de 16 mètres carrés établi sur un mâtereau non haubané complète la garde-robe. Soit 136 mètres carrés de voilure. On n’en a guère perdu qu’une dizaine. Ainsi gréé, Alcyon a couru les dernières régates de la saison 2017. « On ne perd pratiquement pas en vitesse au-delà de 12 nœuds de vent ; en dessous, peut-être un nœud », estime Marc Frilet.
Invité à participer à une sortie de réglage pour la saison 2018, nous avons établi sans peine toute la voilure en équipage réduit et apprécié une barre à présent équilibrée. Alcyon suit le vent de l’histoire avec ce gréement à corne. L’original reste en réserve. • Jean-Yves Béquignon