
En novembre dernier, Alba, doté d’une propulsion mixte électrique et hydrogène, a été mis à l’eau. Conçu par le cabinet d’études Mauric et construit par le chantier Gato, avec plusieurs autres entreprises pour la fourniture des piles et des systèmes de propulsion, ce navire-école dispose de tous les équipements pour l’apprentissage de la pêche : deux grues, un treuil pour la senne et une potence pour la recherche halieutique et pour relever une palangre. Long de 19,95 mètres et large de 5,60 mètres, il peut accueillir douze élèves par sortie, accompagnés de deux enseignants.
Côté propulsion, deux batteries électriques fournissent 355 kilowatt-heures, tandis que les deux piles à combustible de 70 kilowatt-heures chacune sont alimentées par neuf bouteilles d’hydrogène. L’autonomie d’Alba est ainsi de dix heures de navigation à une vitesse de 10 nœuds, avec une vitesse maximale de 13 nœuds.
« Le point sensible de la conception, c’étaient les compartiments des piles et des bouteilles d’hydrogène, qu’il fallait bien isoler du reste, car ce gaz est dangereux », précise Guillaume Rocolle, qui travaille chez Mauric.
Alba a été certifié par le Bureau Veritas, qui compte s’en servir d’exemple pour créer des recommandations de gestion des risques. « Les bouteilles sont situées dans une zone dite Atex (atmosphère explosive), dont l’accessibilité est très réglementée, précise Guillaume Rocolle. Le risque d’explosion survient dès qu’on atteint 4 pour cent d’hydrogène dans l’air. »
Une cheminée située à 3 mètres au-dessus du pont permet au gaz de s’échapper très vite, tandis que des vannes sur les bouteilles peuvent s’ouvrir au-delà d’une certaine température pour libérer l’hydrogène.
L’autre problème que pose ce gaz, c’est son approvisionnement. « Cela ne sert à rien d’utiliser de l’hydrogène s’il n’est pas produit avec des énergies renouvelables, ajoute Guillaume Rocolle. Le directeur du lycée maritime de Bastia a noué un partenariat avec Corsica Sol qui produit de l’hydrogène avec un champ photovoltaïque. » Dans le cas d’Alba, un bateau plutôt petit conçu pour des sorties à la journée, l’hydrogène semble adapté, tout comme pour les vedettes à passagers. Au-delà d’un ou deux jours, l’utilisation de ce gaz paraît plus difficile pour l’heure, notamment pour des raisons d’encombrement. M. L.-C.
Publié dans Le Chasse-Marée 343, février-mars 2025.