Depuis 2016, les chants des baleines à bosse sont étudiés par l’association scientifique Globice, créée en 2001 à La Réunion pour approfondir les connaissances sur les cétacés de l’île. Pendant l’hiver austral, ces baleines remontent en effet des zones de nourrissage en Antarctique jusque dans l’océan Indien pour s’accoupler et mettre bas. Les mâles émettent alors des sons à basses fréquences, dans un but de reproduction. Comme ces chants sont caractéristiques de chaque population de baleines à bosse, les étudier permet de caractériser la fréquentation – moment de leur arrivée, période du pic dans la saison, date de leur départ.
« En 2016 puis 2017, lorsque nous avons démarré ce programme d’étude acoustique avec des hydrophones fixés sur le fond, précise le chercheur de Globice Adrian Fajeau, spécialiste de l’acoustique des baleines à bosse, nous sommes restés dans les eaux côtières de l’île de La Réunion. Nous avons vu que les baleines chantaient exactement le même chant tout autour de l’île.
« En 2018, quand nous avons étendu notre étude à d’autres sites du Sud-Ouest de l’océan Indien – à Madagascar notamment – nous avons remarqué deux chants aux structures très différentes, nous indiquant qu’il devait y avoir pour cette année deux flux de migration de populations de baleines à bosse.
« Au cours des deux années suivantes, nous n’avons retrouvé qu’un seul chant, celui que nous avions identifié à l’Ouest de l’île de Madagascar en 2018. Le chant s’est-il transmis d’une population à l’autre ? Cela veut-il dire que la population caractérisée par le chant différent n’est pas venue en 2019 et 2020 ? »
Cette année, avant l’hiver austral, Globice et ses partenaires du programme d’études Combawa ont mis en fonction sur le plancher océanique dix nouveaux hydrophones répartis entre le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Australie.
Cette étude va permettre d’en apprendre un peu plus sur la connectivité complexe de cette espèce lors de l’hiver austral, et de confirmer ou non les tendances et hypothèses des années précédentes.